Version française / Soutenances / Prochaines soutenances
- Soutenance de thèse/HDR,
- Recherche - EOS,
ED 396 - Soutenance de M. BEAUFILS Raphael
Publié le 16 juin 2016
–
Mis à jour le 7 novembre 2025
La scène et la lutte : Transmission, conflictualité et engagement dans un collectif antifasciste contre-culturel
Date(s)
le 17 novembre 2025
à 14h00
Lieu(x)
Bâtiment Pierre Grappin (B)
Bâtiment B Pierre GRAPPIN - Salle B015 René Rémond
M. Raphael BEAUFILS, présente ses travaux de recherche en vue de l'obtention du Doctorat Lettres et Sciences Humaines
CNU : 19 – Sociologie, démographie
Directeur de thèse :
M Gabriel SEGRE, Professeur des Universités
Membres du jury
M. Gérôme GUIBERT, Professeur des Universités, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
Mme Isabelle SOMMIER, Professeur des Universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Mme Saskia COUSIN, Professeur des Universités, Université Paris Nanterre
M. Gabriel SEGRE,Professeur des Universités, Université Paris Nanterre
Résumé
Cette thèse propose une ethnographie d’un collectif antifasciste et contre-culturel parisien, la Fédération Internationale Punk, situé à l’intersection de la scène musicale punk/skinhead et du militantisme antifasciste. L’enjeu principal est de comprendre comment une contre-culture s’organise concrètement : quelles pratiques, quelles valeurs et quels héritages permettent à des jeunesses populaires, précaires et politisées de construire un mode de vie collectif en rupture avec l’ordre établi. L’étude repose sur quatre années d’observation participante approfondie, durant lesquelles j’ai été sociologue, musicien et militant, afin de partager l’organisation de concerts, la production de fanzines, la vie quotidienne et les actions du collectif. Ce travail met en lumière la manière dont la musique, loin de constituer un simple support esthétique, agit comme vecteur de socialisation, de politisation et de structuration organisationnelle. Être fan de Oi! ou de punk politisé, dans la FIP, ne signifie pas seulement aimer un genre musical, mais s’approprier une économie morale et politique du goût, où les références sonores, les pratiques Do it Yourself et les supports matériels (fanzines, pochettes, archives, réseaux sociaux) deviennent des instruments de transmission et de légitimation. Il montre également la centralité des formes de camaraderie et des dispositifs de mémoire dans la reproduction de la scène, où récits, objets et gestes militants s’articulent à une politique de la transmission et de l’héritage. L’analyse révèle cependant les tensions internes propres à ce type d’organisation : entre l’idéal autogestionnaire et la division concrète du travail militant ; entre la fidélité aux héritages redskin et la nécessité de les réinterpréter face aux enjeux contemporains ; entre l’affirmation d’une horizontalité et l’émergence de figures de meneurs. Le militantisme observé se donne comme une expérience totale : il engage le corps, le temps et la vie quotidienne, il constitue à la fois une ressource d’émancipation et une charge épuisante. Sur le plan théorique, ma thèse propose de penser la notion de contre-culture comme pratique sociale située, indissociable des conditions matérielles, des rapports de pouvoir et de la conflictualité qui la traversent. Elle se distingue des sous-cultures par son ambition de produire une alternative politique explicite, en s’opposant à l’apolitisme comme façade de neutralité. Sur le plan méthodologique, elle interroge la place de l’ethnographe engagé, immergé jusqu’à devenir acteur et producteur de la scène qu’il décrit. Cette recherche montre enfin que les marges, loin d’être un simple repli, constituent des laboratoires d’expérimentation politique, où s’élaborent des formes de vie collective fondées sur la solidarité, la confrontation et la création culturelle. La FIP apparaît ainsi comme un exemple de contre-culture prolétaire contemporaine, fragile mais tenace, qui témoigne de la capacité de jeunesses marginalisées à inventer des espaces de survie, de transmission et de résistance
Mots clés skinhead,contre-culture,militantisme,transmission,punk,extrême-gauche
CNU : 19 – Sociologie, démographie
Directeur de thèse :
M Gabriel SEGRE, Professeur des Universités
Membres du jury
M. Gérôme GUIBERT, Professeur des Universités, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
Mme Isabelle SOMMIER, Professeur des Universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Mme Saskia COUSIN, Professeur des Universités, Université Paris Nanterre
M. Gabriel SEGRE,Professeur des Universités, Université Paris Nanterre
Résumé
Cette thèse propose une ethnographie d’un collectif antifasciste et contre-culturel parisien, la Fédération Internationale Punk, situé à l’intersection de la scène musicale punk/skinhead et du militantisme antifasciste. L’enjeu principal est de comprendre comment une contre-culture s’organise concrètement : quelles pratiques, quelles valeurs et quels héritages permettent à des jeunesses populaires, précaires et politisées de construire un mode de vie collectif en rupture avec l’ordre établi. L’étude repose sur quatre années d’observation participante approfondie, durant lesquelles j’ai été sociologue, musicien et militant, afin de partager l’organisation de concerts, la production de fanzines, la vie quotidienne et les actions du collectif. Ce travail met en lumière la manière dont la musique, loin de constituer un simple support esthétique, agit comme vecteur de socialisation, de politisation et de structuration organisationnelle. Être fan de Oi! ou de punk politisé, dans la FIP, ne signifie pas seulement aimer un genre musical, mais s’approprier une économie morale et politique du goût, où les références sonores, les pratiques Do it Yourself et les supports matériels (fanzines, pochettes, archives, réseaux sociaux) deviennent des instruments de transmission et de légitimation. Il montre également la centralité des formes de camaraderie et des dispositifs de mémoire dans la reproduction de la scène, où récits, objets et gestes militants s’articulent à une politique de la transmission et de l’héritage. L’analyse révèle cependant les tensions internes propres à ce type d’organisation : entre l’idéal autogestionnaire et la division concrète du travail militant ; entre la fidélité aux héritages redskin et la nécessité de les réinterpréter face aux enjeux contemporains ; entre l’affirmation d’une horizontalité et l’émergence de figures de meneurs. Le militantisme observé se donne comme une expérience totale : il engage le corps, le temps et la vie quotidienne, il constitue à la fois une ressource d’émancipation et une charge épuisante. Sur le plan théorique, ma thèse propose de penser la notion de contre-culture comme pratique sociale située, indissociable des conditions matérielles, des rapports de pouvoir et de la conflictualité qui la traversent. Elle se distingue des sous-cultures par son ambition de produire une alternative politique explicite, en s’opposant à l’apolitisme comme façade de neutralité. Sur le plan méthodologique, elle interroge la place de l’ethnographe engagé, immergé jusqu’à devenir acteur et producteur de la scène qu’il décrit. Cette recherche montre enfin que les marges, loin d’être un simple repli, constituent des laboratoires d’expérimentation politique, où s’élaborent des formes de vie collective fondées sur la solidarité, la confrontation et la création culturelle. La FIP apparaît ainsi comme un exemple de contre-culture prolétaire contemporaine, fragile mais tenace, qui témoigne de la capacité de jeunesses marginalisées à inventer des espaces de survie, de transmission et de résistance
Mots clés skinhead,contre-culture,militantisme,transmission,punk,extrême-gauche
Mis à jour le 07 novembre 2025