Publié le 15 octobre 2020–Mis à jour le 21 novembre 2022
Rapports sociaux de classe, d'âge, de race et genre au sein de l'homosexualité masculine : le cas des usages sociaux des applications de rencontres à Paris.
Date(s)
le 13 décembre 2022
à 14h 00
Lieu(x)
Bâtiment Pierre Grappin (B)
Bâtiment B Pierre GRAPPIN Salle Paul RICOEUR (B016)
M. Anthony FOUET, présente ses travaux en soutenance en vue de l'obtention du diplôme Doctorat Lettres et Sciences Humaines
Section CNU : 19 - Sociologie, démographie
Unité de Recherche : Sophiapol Sociologie et philosophie politiques
Directeur : M Philippe COMBESSIE, Professeur des universités
Membres du jury
Mme Christine BARATS, Professeure des Universités, Université Paris Cité
Mme Catherine DESCHAMPS, Professeure des Universités, École Nationale Supérieure d'Architecture de Nancy
M. Philippe COMBESSIE, Professeur des Universités, Université Paris Nanterre
Mme Marie BERGSTRÖM, Chargée de recherche, Institut National des Études Démographiques
Mme Yaëlle AMSELLEM-MAINGUY, Chargée de recherche, Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire
M. Jérôme COURDURIES, Professeur des Universités, Université Toulouse Jean Jaurès
Résume : Depuis 2009, les applications de rencontres homosexuelles géolocalisées se sont inscrites dans les modes de vie de l’homosexualité masculine parisienne. Cette thèse s’attache à déconstruire plusieurs sens communs relatifs aux usages de ces applications. Premièrement, elles permettraient de rencontrer n’importe quel utilisateur connecté, n’importe où et à n’importe quel moment. Deuxièmement, la sexualité entre hommes serait égalitaire, libérée et sans contrainte du fait de l’absence d’asymétrie de genre. A rebours de ces représentations, la thèse permet de comprendre comment les rapports sociaux à l’œuvre dans l’homosexualité masculine parisienne s’expriment dans le cadre des applications de rencontres géolocalisées.
Dans le cadre de l’enquête, soixante-dix entretiens ont été menés avec des hommes vivant à Paris ou dans sa proche banlieue. Ils ont été complétés par une ethnographie en ligne et des recueils de conversations que les enquêtés ont eues sur les applications. La thèse démontre une appropriation variée des applications de rencontres, dont les utilisateurs se détachent pour partie des contraintes matérielles des espaces numériques. Ainsi, plusieurs scénarios de rencontre ont été identifié et étudié (le « date » ; le « plan direct » ; celui d’ouverture) pour comprendre les modes de vie et les conditions d’exercice de la sexualité de l’homosexualité masculine parisienne.
Cette étude de la géolocalisation dans les applications de rencontres a permis d’interroger les pratiques de mobilité urbaine et de remettre en cause le principe d’internet qui repose sur la sérendipité. Les récits de pratiques confirment que la géolocalisation met au premier plan l’impératif temporel d’immédiateté dans les rencontres entre hommes, consolidant les frontières sociales entre les groupes sociaux. La thèse a également décrit et analysé les séquences des rencontres directes à domicile. Elle démontre que l’accueil du partenaire sexuel dans un espace domestique révèle des situations d’asymétrie qui ont des effets sur la négociation de la sexualité. Enfin, l’analyse des processus de catégorisation des partenaires potentiels démontre que l’homosexualité masculine se situe davantage en complicité de la masculinité hégémonique.