Directeur : Mme Laurence SCIALOM, Professeur des Universités
Membres du jury
M. Jonathan MARIE, Maître de conférences –HDR, Sorbonne Université
M. André ORLEAN, Directeur de Recherche – Ecole Normale Supérieure Paris
Mme Eve CHIAPELLO, Directrice de Recherche, E.H.E.S.S.
Mme Anne-Laure DELATTE, Chargée de Recherche, Université Paris PSL
M. Richard SOBEL, Professeur des Universités, Université de Lille
Mme Laurence SCIALOM, Professeur des Universités, Université Paris Nanterre.
Résumé :
Le concept de dette publique, pris dans sa dimension macroéconomique, est-il le bon concept pour la réalité qu’il tente d’appréhender ? Une dette publique macroéconomique représente un ensemble de contrats de dette publique microéconomiques, susceptibles d’être continuellement roulés par un Etat. La thèse montre que trois motifs économiques peuvent justifier sa réduction : la prévention d’un défaut pour insolvabilité, l’éloignement d’un défaut par illiquidité et l’optimisation de la politique budgétaire. Dans les faits, l’existence de dispositifs institutionnels tels que la souveraineté monétaire ou la répression financière peuvent considérablement réduire la pression à son remboursement. En réalité, dire qu’une dette publique macroéconomique a toujours les propriétés d’une dette revient à la naturaliser sous la forme d’une somme à rembourser, et à nier le fait qu’elle puisse éventuellement ne jamais avoir à l’être. La thèse révèle ainsi le caractère possiblement performatif du concept : à certains égards, ce dernier ne constate pas la préexistence d’une dette publique macroéconomique, mais appelle plutôt à la faire exister comme telle. La dette publique peut alors devenir une idéologie, exploitée de façon plus ou moins intentionnelle comme instrument de pouvoir par les défenseurs de politiques d’austérité. La thèse propose donc de remplacer le concept de dette publique macroéconomique par celui alternatif de « financement externe de l’Etat ». Finalement, ce travail entend montrer que cet imaginaire de la dette façonne également la manière de concevoir le financement des dépenses publiques par l’émission de monnaie Banque centrale.
Mots clés : dette publique, performativité, idéologie, dette souveraine.